A la santé des empires déchus
©Jean-Luc Brosse

Je me souviens de cet automne et de toutes les feuilles que le vent faisait voler sur ma route
Y'avait une longue distance entre la vérité et l'étendue brumeuse de mes doutes
Le chauffeur de bus était si absorbé qu'il n'entendait plus les cris des passagers
Et les enfants du Président traversaient les rues en chantant un cantique oublié

Sur les ailes d'une colombe envolée y'avait une marque à l'encre effacée
Et les chiens de garde du Pentagone hurlaient à la mort en la voyant passer Le Président de la Dominion du haut de son bureau perché dans les airs Rêvait aux courbes érotiques que ses actions dessinaient sur le mur

Et toutes les règles de la ville volaient en éclat
Que le vent du Nord éparpillait sur tous les continents
Et la prophétie indienne se réalisait devant moi
L'âme blessée du dernier homme rouge se remettait à chanter

Et souviens-toi de l'an dernier de notre course dans la mine oubliée
Il fallait vaincre le feu et affronter tous les pièges soigneusement déployés Tu portais cette robe de fleurs et une couronne d'espoirs enchantés
Tu étais si belle que je ne croyais pas que tu sois vraiment en danger

Depuis nous avons voyagé nous avons échangé nos tickets
Comme ces soldats de 1918 qui chantaient encore du fond de leurs tranchées Et de nouvelles cartes sont arrivées et nous avons dû les apprivoiser
Mais nous avons su nous reposer laisser le temps passer

Demain le Président ne sera plus rien
Et nous resterons toi et moi orphelins
Les larmes tomberont comme des épines de rose
Et l'âme blessée du dernier homme rouge pourra enfin s'envoler

Depuis ce jour d'été où je t'ai vue pleurer où j'ai senti que ta main tremblait
Je me suis juré de tout bousculer pour te rendre un jour la place qui te revient
Tu sais c'est dur de mener une vie parallèle d'être toujours sur la défensive
Mais il ne faudra plus attendre très longtemps avant que les digues ne partent à la dérive

Demain la Santa Maria s'envolera dans les airs
Et le ciel sera constellé de papillons géants
Et nous valserons toi et moi amoureux
En buvant du Dom Pérignon à la santé des empires déchus

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